Un abcès est une masse plus ou moins grosse, fluctuante et chaude correspondant à une collection pyogène (= le pus). Le pus est un liquide épais, inflammatoire de couleur verdâtre ou blanchâtre souvent très malodorant. Il est généralement contenu dans une coque. Les abcès peuvent toucher tous les tissus d’un organisme, et se trouver en position superficielle ou plus profonde.
Un abcès superficiel est facilement détectable par le propriétaire, il y a apparition d’une zone enflée, douloureuse, plus ou moins rouge. L’animal lèche beaucoup cette zone si elle lui est accessible, et l’abcès peut s’accompagner de signes généraux (abattement, fièvre…). L’abcès profond est quant à lui plus difficile à détecter car en général aucun symptôme spécifique n’est visible de l’extérieur. C’est la dégradation de l’état de l’état général de l’animal qui peut amener à suspecter un abcès.
Tous les êtres vivants peuvent être affectés par ce genre d’affection, et nos animaux de compagnie ne sont pas épargnés loin de là. Le chat est notamment un très grand client concernant cette pathologie.
es chats sont régulièrement atteints par ce type d’affection notamment du fait de leur comportement, lors de combats entre congénères. Les morsures et les griffures sont majoritairement portées à l’avant du corps notamment la base de l’oreille, le cou, les joues, les pattes avant et les épaules. Lors des fuites les blessures peuvent aussi toucher le train arrière de l’animal notamment la base de la queue.
Les abcès peuvent également se trouver au niveau de la gueule, dans ce cas l’animal peut avoir du mal à se nourrir et s’abreuver mais également avoir une salivation abondante et une haleine fétide.
Chez le chien les causes d’abcès sont sensiblement les mêmes, on peut ajouter les abcès des sacs anaux qui sont plus spécifiques et qui sont dus à l’obstruction des canaux, une augmentation des sécrétions ou une infection bactérienne des sacs anaux.
La physiopathogénie est la manière dont se crée un abcès. Les abcès superficiels sont les plus fréquents et font suite en général à l’infection d’une plaie initiale. Cette plaie peut être très discrète ou plus conséquente, les causes principales notamment chez le chat sont les piqûres, les morsures et les effractions cutanées par un corps étranger tel qu’un épillet. La surinfection de la plaie est souvent due à la plaie initiale qui était souillée, mais elle peut aussi survenir à la suite du léchage excessif par l’animal.
Cette infection est généralement causée par des agents pathogènes bactériens dont les principaux sont les staphylocoques, les streptocoques et les colibacilles . De manière plus anecdotique des substances chimiques telle que l’huile de térébenthine peuvent être incriminées.
D’un point de vue cellulaire on retrouve au centre de l’abcès un foyer de nécrose avec de nombreux globules blancs dégénérés en particulier des polynucléaires neutrophiles. Ce foyer est entouré de globules blancs (neutrophiles) qui eux sont viables et tout cela est délimité par une couche de fibrose constituée de macrophages et de lymphocytes qui forme la coque de l’abcès.
Certains facteurs de l’organisme prédisposent à la formation d’abcès. Parmi ceux-ci on retrouve la présence de corps étrangers notamment les épillets, la présence d’obstructions au drainage normal des différentes voies (respiratoires…), ou encore la présence de traumatismes, hématomes, ou foyers de nécrose au sein d’un tissu. Le facteur prédisposant majeur reste un système immunitaire affaibli de l’animal. Chez le chat les maladies virales telles que le virus de l’immunodéficience félin connu sous le nom de « SIDA du chat » (FIV) ou le virus de la leucose féline (FeLV) sont des maladies immunodéficientes, autrement dit elles diminuent l’efficacité du système immunitaire et exposent ainsi l’animal à des complications plus graves.
Si on reprend la description faite précédemment de la composition cellulaire d’un abcès cela nous donne une idée globale de la formation et ainsi de l’évolution d’un abcès dans le temps.
Dans les premiers temps la zone surinfectée va être rouge, augmentée de taille, dure, chaude et douloureuse : c’est ce que l’on nomme la phase inflammatoire ou aigue. À ce moment-là suppuration est diffuse au sein des tissus et la coque fibreuse n’existe pas encore, l’abcès n’est donc pas mûr.
Au fur et à mesure que le temps passe, la coque fibreuse va s’organiser et la lumière est remplie de pus parfois mélangé à du sang. La masse est alors fluctuante lorsqu’on exerce une pression dessus, l’abcès est alors qualifié de mûr. La suite de l’évolution est une nécrose des tissus environnants et de la peau, le pus se vidange et laisse place à une plaie purulente.
Différentes méthodes sont envisageables pour le traitement d’un abcès. Si ce dernier est pris tôt un traitement médical de la plaie avec des injections d’antibiotiques et d’antipyrétiques peut s’avérer suffisant. En revanche lorsqu’un abcès est mûr, une intervention chirurgicale est inévitable. Votre vétérinaire va raser les poils de la zone concernée puis inciser la masse afin de procéder à la vidange du pus, puis il va drainer l’abcès avec un antiseptique pour rincer et éliminer les germes encore présents. Ensuite soit le vétérinaire va laisser la plaie ouverte soit il va suturer en posant un drain afin d’éviter une nouvelle collection de pus. Si la plaie est compliquée et qu’une nécrose cutanée a déjà démarrée il réalisera un parage de la plaie pour retrouver des marges saines ainsi que des soins importants avant de suturer.
Les antibiotiques sont fortement indiqués étant donné que ce sont des affections bactériennes, ces derniers évitent ainsi la généralisation à tout l’organisme et les symptômes généraux plus graves.
Il est déconseillé de percer un abcès soi-même, d’une part car cette affection est souvent extrêmement douloureuse et nécessite une sédation profonde ainsi qu’une analgésie pour le bien-être de l’animal, d’autre part car cette douleur peut entrainer des griffures et/ou des morsures du propriétaire.